Angoulême, janvier 2013, FIBD.
Une bulle surchauffée, la foule du samedi après-midi.

Je bosse sur le stand de Cornélius. J’assure comme je peux, cours dans tous les sens fouille dans des cartons vends des livres donne des sacs plastique et des marque-pages. Je râle depuis deux jours, parce que je sais qu’il est là et que je ne le verrai pas. J’ai une petite pause : je décide de me balader sur les stands voisins. Je papote avec l’éditeur de Fantagraphics, m’apprête à lui acheter un bouquin quand il me dit "Ho cool, Don Rosa is here". Je mets quelques secondes à comprendre… KENO DON ROSA EST LÀ !! À force de grommellements (dignes de Donald Duck), j’ai fini par l’invoquer. En bombers de jean, une énorme tête de D.D. brodée dans le dos, de longs cheveux blancs et petites lunettes rondes. Sans réfléchir plus d’un quart de seconde, je lâche tout ce que j’ai dans les mains (carte bleue comprise) et cours vers lui. Nez-à-nez avec l’idole de mon enfance, je perds mes moyens. Lui me regarde en souriant, d’un air à la fois surpris et bienveillant. Son attachée de presse me demande alors poliment ce que je veux, à quoi je réponds en bégayant que j’ai juste envie de lui parler. C’est à moi. Vite vite, trouve un truc bien à lui dire bon sang ! Rien. Là, j’ai huit ans, et avec l’air mal assuré, je le remercie pour tout ce qu’il a fait, lui dis que j’ai découvert des choses incroyables grâce à son travail, vraiment vraiment MERCI. Il répond "Ho ! thank you !", je crois que ça l’a quand même un peu touché.
Photo (elle ira direct sur Facebook), fin de la discussion.

Dans les minutes qui suivent, je tourne comme un lion en cage (j’ai toujours pas récupéré ma carte bleue). J’en peux plus, je fonce voir mes amis sur un stand à l’autre bout de la bulle pour leur raconter mes péripéties. Ils sont contents pour moi, je les fais marrer. On appelle ça le karma je crois, Don Rosa est encore derrière moi. J’attrape un de mes journaux sur le stand (j’en avais mis quelques-uns en vente), et je cours le lui donner. "Sorry, me again. I made this newspaper, it’s a present to thank you for… well, it’s for you" Je baisse les yeux, "bye". En quittant la zone, je me retourne et le vois déplier méticuleusement l’édition qu’il vient de recevoir.
Merde, y’a pas mon nom dessus !
Angoulême, du 24 au 26 janvier 2013.

C’étaient mes dernières semaines des cinq et quelques années que je passais dans la capitale de la bd — le 40e Festival International de la Bande Dessinée en marquait la fin. En journée, j’y travaillais, vendais des livres sur un stand d’éditeur dans la bulle des indépendants, un grand chapiteau préfabriqué plein de bds, où il doit bien faire 40° — un truc à dessécher la gorge et vider le porte-monnaie. Le soir, j’aidais mes amis à organiser le festival off que nous avions monté. Pour résumer, le festival, je le voyais de l’intérieur, soit derrière un stand, soit derrière un bar (là au moins je me réhydratais). Ceci étant dit, je passais plutôt un bon moment. Une seule ombre au tableau : Keno Don Rosa, auteur de La Jeunesse de Picsou, était au festival. Ça, en soi, c’était super. Ce qui me posait problème, c’est qu’avec cet emploi du temps de ministre du papier à bulles imbibé de bière, je n’avais ni le temps d’aller à sa conférence, ni de me faire dédicacer un de ses livres (que je possède au bas mot en double et en triple).

Jeudi Vendredi passèrent sans trop d’encombres, si ce n’est mon état de fatigue qui allait exponentiellement. Mais c’était sans compter sur le samedi, qui a toujours été la pire journée — tous les festivaliers vous le diront. Le mot foule n’est plus qu’un euphémisme. Il pleut, grêle ou neige systématiquement, et le choc thermique entre la file d’attente extérieure et l’intérieur des bulles est considérable. Une fois entrés, vous avez comme l’impression d’être une pomme de terre vapeur. Dans la cocotte minute des éditeurs indépendants, ça vendait et dédicaçait bon train, avec des pauses sandwich aux grillons charentais (une sorte de pâté). À ce rythme d’enfer s’ajoutaient mes grommellements réguliers, puisque plus le temps passait, plus j’étais sûre de ne pas voir mon auteur-dessinateur préféré. Je n’ai jamais été particulièrement groupie, mais là c’était un cas exceptionnel. La Jeunesse de Picsou était l’une des premières bds que mon père m’avait offerte. Si on me demande ce que ce livre a de si spécial, je réponds toujours la même chose : j’ai appris à lire avec, il a développé mon imaginaire, mon intérêt pour les histoires et le dessin et m’a même servi de référence — que je taisais pour préserver mes profs d’un infarctus — en cours d’histoire-géo. Ceci clarifié, il semble évident que cette situation du 26 janvier 2013 était fort contrariante.

Il doit bien exister des puissances occultes ici-bas, car ma grincheuse litanie finit par porter ses fruits. Alors que je discutais avec Duncan, l’un des éditeurs voisins de notre stand, l’incroyable se produit. J’allais payer le livre que je lui achetais, quand il m’annonça que Don Rosa était là. D’abord, je crus qu’il voulait dire qu’il était présent au festival, ce qui ne m’avançait en rien ou plutôt m’exaspérait d’autant plus. Puis j’entendis mes collègues m’appeler. Stupeur, il était vraiment à deux mètres de moi. Mon sang ne fit qu’un tour, il fallait que je lui parle. J’abandonnais Duncan pour Keno, sans m’être vraiment préparée à cette interaction. J’arrivais brutalement face à lui, il me souriait gentiment. Il était grand, les cheveux longs et blancs, une veste de jean estampillée Donald Duck (initiales DD) et de petites lorgnons sur le nez. Par mon premier sou, ce qu’il ressemblait à Balthazar Picsou !

Nous échangeâmes quelques minutes et je ne manquais pas de lui dire à quel point ses histoires m’avaient façonnée. Touché, il me dit qu’il s’était toujours trouvé mauvais dessinateur et qu’il était surprenant pour lui de rencontrer tant d’engouement chez des lecteurs de mon âge. J’étais impressionnée de parler à l’incarnation vivante d’un si célèbre canard, mais osais lui poser quelques questions. Pourquoi avait-il arrêté ? Que pensait-il des nouvelles histoires et des rééditions de ses récits ? Avec beaucoup de délicatesse mais non moins d’humour, il me raconta ses années Disney, planches non signées, ni droit d’auteur ni regard sur les publications — tu parles d’une exploitation ! Il était ceci dit heureux d’être enfin accueilli comme auteur, de venir rencontrer ses fans, lui même étant le plus grand admirateur de Picsou au monde. Nous primes une petite photo souvenir, quelque peu gâchée par l’encombrement de mes mains. Dans la hâte, j’avais gardé ma carte bleue et mon livre avec moi.

C’était une rencontre de fan un peu banale, mais j’étais aux anges. La réalité rejoignait la fiction ("vaincus par notre imagination !"). Comme pour fixer cela dans mon esprit, je prolongeais ma pause et filais voir mes amis des éditions Les Machines, à l’autre bout du bâtiment, pour leur narrer mes aventures. Épopée picaresque oblige, Don Rosa était encore là. Sur le stand des Machines, je trouvais une édition que j’avais réalisée, et décidais de la lui offrir. C’était le moins que je pouvais faire, après tout. Même si j’étais bien loin d’avoir son génie, je faisais aussi des livres, lui dis-je. C’était sûrement inéquitable, mais je l’invitais à considérer cela comme un échange et un signe de gratitude. Nous nous remerciâmes mutuellement, et je pus cette fois lui serrer la main.
Je repartais travailler, les pieds sur la moquette évènementielle, mais prolongeais en pensées la discussion avec Keno Mc Picsou. Quand nom d’un chien ! je me rendis compte que j’avais laissé ma carte bleue dans mon édition. Au moins, cette fois, Don Rosa avait mon nom. Quoique cela puisse donner, j’étais presque sûre d’avoir un jour de ses nouvelles.
C’était à Angoulême, en janvier 2013. Le temps était exécrable, neige, grêle et pluie tombaient de concert — on aurait dit l’Agonie Blanche. Inversement proportionnelle à ce déluge, une atmosphère tropicale régnait dans les bâtiments temporaires érigés pour accueillir le Festival International de la Bande Dessinée. J’étais dans l’un de ceux-là, errant entre les étals de livres, de phylactère en phylactère, à la recherche de la pépite des sorties de l’année. Nombre d’albums attiraient mon attention, mais sur mon exigence planait le spectre d’un célèbre palmipède écossais. Balthazar Picsou mettait la barre très haut — "plus dur que les gros durs, plus malin que les petits malins". Ses aventures de jeunesse sont de loin la meilleure bande dessinée que j’aie jamais lue, réalisée sous la plume de l’illustre Keno Don Rosa. C’est donc quelque peu désenchantée que je flânais sur la moquette au rabais tapissant les allées, lorsqu’un visage connu fit irruption dans mon champ de vision. Une figure ronde d’un blanc immaculé, surmontée d’un béret marin, et le sourire au bec. C’était à ne pas s’y tromper ce cher Donald Duck. Il me fallut parcourir un long corridor bondé pour le rattraper, et découvrir qui l’arborait fièrement, brodé au dos de sa veste. Ce que je découvris me fit un instant quitter mon corps puis y retomber aussi lourdement qu’un bloc de basalte. À bien y réfléchir, qui d’autre que le plus grand fan des canards pouvait porter une telle tenue ? Je rencontrais donc Keno Don Rosa, mon auteur préféré, avec qui j’avais déjà conversé mille fois en songes et fictions. C’était cette fois bien réel, je ne pouvais laisser passer cette chance, et devais aller lui parler.

Carin hésitante – Heu… bonjour ?
Don Rosa souriant – Ho, Bonjour !
C – …
DR les yeux ronds, derrière ses lunettes rondes – Puis-je vous aider ?
C – Je… je ne sais pas, enfin si ! Je suis une de vos fans, je lis vos aventures de Picsou depuis que je suis enfant. Et, et bien… il fallait que je vous le dise, c’est génial. Merci pour tout !

Ellipse, on connaît déjà cette partie.

DR – Oui, tu sais, c’est une position difficile à tenir. C’était mon rêve de dessiner les aventures de Picsou, plus que d’être médecin de la reine Elisabeth, hehehe ! Carl m’a donné cette chance, et je suis devenu populaire avec ça. Ça a été compliqué à gérer, la popularité, la mission que j’avais, ma passion pour ces canards…
C  — J’imagine, oui. Et les contrats avec les éditeurs et Disney n’ont rien arrangé, si je ne me trompe pas.
DR – C’est juste, c’est juste. Mes éditeurs n’étaient pas Disney, mais mes bandes dessinées étaient des Disney. Jamais je n’ai eu de droit de regard sur les reproductions, jamais de droits d’auteurs. Ils re-publiaient mes histoires sans que j’en sois au courant, sans que je puisse les vérifier…
C – Ha oui, d’où les pièces en or en France !
DR – Oui, c’est ça. Tout l’intérêt est que Picsou n’amasse que de la menue monnaie, c’est là qu’est l’absurdité. Il se baigne dans des cents, pas dans des Louis d’or ! Il n’y en aurait pas assez sur Terre pour remplir son coffre, d’ailleurs… Bref, ils ont même utilisé mon nom. Disney, je veux dire. J’ai dû faire déposer mon nom dans certains pays du monde, tu te rends compte…
C – C’est dingue, Picsou traiterait Donald mieux que ça…
DR – Hahaha, oui ! Peut-être y pensais-je en dessinant ça.
La discussion sur le travail d’auteur se poursuit…
DR – Enfin voilà, ça fait partie des raisons qui ont fait que je ne fais plus de bandes dessinées maintenant. Mes problèmes de vue aussi… Tout ça a été très fatiguant. Aujourd’hui, j’ai ma maison, ma collection de bd, et je viens rencontrer des gens passionnants sur les salons, j’ai vraiment de la chance. Je peux redevenir un simple fan.
C sourit, puis baisse les yeux – Oui, c’est bien mérité je crois. Même si… ça me rend triste, un peu. Parce que c’était dur, et… bon ça c’est un peu égoïste, mais parce que je rêve encore que la Jeunesse de Picsou soit infinie.
DR – Haha ! Toutes les bonnes choses ont une fin, tu sais. Mais il est vrai que j’aimerais continuer à lire des histoires qui me font rêver. Avec Picsou, Donald, ou d’autres. Il y a tellement de choses incroyables à découvrir.
C – Tu as raison, il ne faut pas s’enfermer dans la nostalgie.
DR – Exactement ! Regarde tous ces livres. Et tous ces jeunes auteurs.
C – Ha oui, d’ailleurs, ça me fait penser… c’est un peu nul, mais j’ai quelque chose pour toi.
DR intrigué – Hoho ! En voilà une surprise !
C fouille dans son sac – Ha ! ha non, pardon… Olala, mes affaires sont toutes détrempées. HA !Mon sandwich s’est complètement dissout dedans… Berk, ma carte bleue est pleine de pâté. Hum, pardon, voilà ce que je voulais te donner. Bon, ça n’a plus très bonne mine, mais c’est un petit livre que j’ai fait. C’est… un peu de la science fiction, de l’aventure. Je suis sûre que ça ne vient pas de nulle part…
DR ouvre encore plus grand les yeux – Hoooo ! Merci ! Merci, je suis très touché. Mais, tu dessines alors ?
C gênée – Ho, plus ou moins. Et mal en plus… j’ai un peu honte, mais j’ai appris à dessiner avec tes histoires. Ce que j’ai pu recopier ton Sir Duncan ! Je l’ai toujours adoré, j’ai un faible pour les fantômes je crois. Mais enfin heureusement, j’ai perdu ces dessins, hahaha.
DR l’air malicieux – Mh… Tu es sûre qu’ils sont perdus ?
C pense "ho non dans quoi je me suis embarquée" – Heu… à vrai dire, je ne sais plus trop.
DR inspiré – Peu importe ! J’ai une idée ! Il faut que je reparte là, mais passons un marché.
C – Ha, heu… okay !
DR – Tu vas écrire et dessiner une nouvelle histoire de jeunesse de Picsou
C absolument déconcertée – Mais non mais non, mais c’est trop fou. Hahaha, je n’y arriverai jamais, et puis ce sera vraiment moche et nul. Et puis, et puis… je ne suis pas une fan modèle ! Tiens, par exemple, je n’ai jamais cherché tous les D.U.C.K cachés dans tes dessins ! Tu vois…DR – Hahaha, bien essayé. Ça ne change rien, et puis, ces dédicaces à Carl Barks ne regardaient que moi, finalement.
C – Non mais je t’assure, je ne sais pas raconter d’histoires…
DR – Balivernes, j’attends de voir. Tu me l’enverras, n’est-ce pas ? Par la poste d’ailleurs, les emails j’en ai trop, ça ne marche pas.
C résignée, mais peine à dissimuler son enthousiasme – Okay, marché conclu. Mais ne sois pas surpris si c’est pourri.
DR griffonne sur un petit papier – Tiens, écris-moi, et dessine surtout !
C prend le papier, la main tremblante – J’en reviens pas, mais oui ! Je n’y manquerai pas. Merci, merci !

Ils se serrent la main. Celle de Carin est pleine de sandwich désagrégé. Ils se séparent, elle ouvre le petit papier. Dessus, une adresse, et un dessin de Duncan Mc Picsou.
L’orage fait rage sur la lande écossaise en cette nuit de janvier. Parmi les éclairs, on discerne à peine les lumières du château des Mc Picsou. Un autre genre de tempête se déroule entre ses murs épais…

BALTHAZAR PICSOU tourne tourne – Mais où est-elle donc passée ?
DONALD DUCK – on a déjà fouillé le château de fond en comble, Onc’ Picsou. Ça ne sert à rien.
BP – Tu crois que je te paie 30 cents de l’heure pour abandonner ?!
DD – Tu me… @#@%
BP – Bon, ça suffit ! Haaa, voilà, tu pensais pouvoir te cacher, petite maligne !
Riri, Fifi & Loulou – Ça par exemple ! C’est bien ce qu’on pense Onc’ Picsou ?
BP – Absolument, les enfants. Voici la carte des souterrains du château de nos ancêtres. Ma sœur Mathilda l’avait cachée suite à notre mésaventure d’il y a quelques années…
RFL – … quand nous cherchions le trésor des Templiers* !
DD – Brrrr… Cette carte me donne des frissons… quand je pense que j’ai failli y rester. Doit-on vraiment retourner là-dessous ?
BP – On ne t’a rien demandé, mon neveu. Prépare donc nos affaires.
DD à part – Ça recommence… je ne suis plus fait pour ça, moi.

La foudre frappe non loin. Dans le tapage, on entend à peine la grande porte en bois grincer. Une mystérieuse silhouette se détache en contrejour des éclairs.

DD perd des plumes – COUAC !
BP – Qui est là ? Qui ose pénétrer sur les terres de mon clan ?
La silhouette – Je… j’ai reçu une lettre du château, un certain D. Mc Picsou m’a demandé de venir. BP – Donald ? Qu’as-tu encore fait.
DD – Rien du tout !
Riri Duck – Attends Onc’ Picsou, réfléchissons… qui pourrait être ce D…
Fifi Duck énumère ses ancêtres – Kenneth, Emeric… Duncan ! Sir Duncan Mc Picsou !
DD grommelle dans un coin – Évidemment, c’est encore de ma faute.
BP – Mais enfin, les enfants, Sir Duncan est mort il y a fort longtemps…
Loulou Duck – Emmuré vivant avec son trésor*, on sait, mais…
Ducan Mc Picsou – … ce n’est pas parce que je suis mort que je ne peux plus me mêler des affaires terrestres !
RFL – Sir Duncan ! Whoa !
DMcP – Hehehe, bonjour les enfants.
La silhouette – Heu… on peut m’expliquer ce qui se passe, là ?
DMcP – J’oubliais ! Quel goujat je fais ! Mes chers descendants, permettez moi de vous présenter Carin Mc Picsou.
BP en perd son haut de forme – McQui ?! Par mes guêtres, une Mc Picsou cachée !
DMcP regarde ailleurs – Si l’on veut.
enjoué – Elle est là pour vous aider dans l’aventure qui s’annonce.
Carin Mc Picsou – Voilà qui m’avait manqué !
s’adresse aux neveux – j’ai parcouru le monde, vous savez ! C’est de famille je crois.
RFL – Chouette alors ! Ça veut dire qu’on repart à l’aventure, n’est-ce pas ?
DMcP – Balthazar, ne penses-tu pas qu’il serait temps de leur dire ?
DD grogne toujours – Oui Onc’ Picsou, maintenant que tu nous as amenés ici...
BP – Garde tes sarcasmes pour plus tard Donald, j’allais y venir.
attristé – Hélas, les enfants, nous pensions tout savoir de ce vieux château, mais nous avons oublié un détail crucial dans notre précédente exploration. Dans sa lettre, mon père me laissait un dernier message que je ne compris pas tout de suite.
montre la lettre – Vous voyez, ici… … et plus loin ▸⧋ ⋄
RFL – Un message crypté !
CMcP s’approche – il parle d’un manuscrit oublié, une sorte de journal. Dedans, on y trouverait des indices sur un fabuleux trésor...
BP – ... venu des confins de la galaxie. Mais comment arrivez-vous à lire ça ? Il n’y a presque plus personne au monde qui connaît ce langage !
DMcP — Ahem… de nombreuses lectures, n’est-ce pas, Carin ?
CMcP — Oui oui. En tout cas, cette note semble indiquer un chemin à travers les souterrains du château. Il faudrait visiblement même passer par les douves.
BP à part, tracassé – Ce n’est pas mon meilleur souvenir de jeunesse… j’ai bien failli m’y noyer. Si je n’avais pas eu mon sou fétiche…*.
DMcP – Je t’ai connu plus téméraire, mon garçon
BP – Ça vous va bien, vous ! Dois-je vous rappeler votre acte héroïque, espèce de vieux pingre ?J’ai bravé tous les dangers, des Badlands du Dakota au désert Australien, du Transvaal à la Vallée de l’Agonie Blanche* ! J’ai été plus dur que les gros durs, plus malin que les petits malins et j’ai réussi honnêtement, en restant carré ! Je mesure les risques maintenant, c’est tout !
FD – Tu viens Onc’ Picsou ? Carin a trouvé une entrée !
BP – Oui ! j’arrive, j’arrive !
grommelle, à Duncan – Il faudra quand même que tu daignes m’expliquer qui est vraiment cette nouvelle Mc Picsou.
DMcP — Chaque chose en son temps, petit. Mais crois-moi, tu peux lui faire confiance.
L’édifice familial n’a pas fini de surprendre Picsou. Dans les sombres corridors menant aux souterrains, il fait étonnamment une chaleur étouffante.
DD – On meurt de chaud ici ! C’est les tropiques !
BP – Cesse donc un peu de te plaindre Donald !
réfléchit – Mais c’est vrai que cette température est inhabituelle…
DD narquois – Ce n’est pas comme si quelqu’un payait le chauffage ici.
se prend un coup de canne – AÏE !
CMcP – Je crois qu’il faut qu’on trouve la source de cette atmosphère, ça nous mettra sur la voie. FD – Bien vu ! Il fait chaud mais surtout humide ! Le passage vers les douves doit être tout près. LD consulte son manuel des Castors Junior – D’après le manuel, ces couloirs en basalte dateraient du XIIIe siècle. Moment où Sir Edward fit condamner les donjons… et où le mythe de grandes Machines inconnues a vu le jour.
DMcP – Ce n’était pas un mythe ! Edward pourrait vous le dire.
se ravise – en même temps, il est vrai qu’il ne nous en a jamais donné la moindre preuve….
DD – Compte tenu des pièges infernaux qu’il avait mis au point, on peut s’attendre à tout.

Notre groupe d’aventuriers s’engouffre toujours plus loin dans les souterrains.

RD– Nous revoilà dans le couloir qui mène au trésor des templiers… aurait-on raté quelque chose ?
FD – En cas d’abondante humidité, le manuel suggère d’utiliser une baguette de sourcier.
DD le sourire en coin – Ça tombe bien, j’ai toujours ça sur moi.
LD – La canne d’onc’ Picsou fera l’affaire !
BP – Hé ! mais…
LD – Par ici !
Les neveux et Carin se hâtent à suivre la piste, Donald et Picsou peinent à les rattraper.
DD – C’est de pire en pire, j’ai les plumes qui bouclent maintenant.
BP les lorgnons embués – Les enfants, vous voyez quelque chose ?
CMcP – Oui… on dirait comme… Un tunnel de verre !
BP – Attendez voir…
DD – Hum… ça ne me dit rien qui vaAAAAAAAAilleeeee…
RFL – Onc’ Donald !
CMcP – Suivons-le !
BP – C’est un toboggan, on… on passe sous les douves du château !
observe – Tiens, mon vieux sandwich au fromage est toujours là, qui l’eut cru…
Un poisson en arrière-plan – S’il pensait qu’on l’aurait mangé… c’était vraiment infect.
RFL – C’était génial Onc’ Picsou !!
DD – Ce château me déteste, j’en suis maintenant certain. Mais… Hooooo, vous avez vu ça ?!

Au bout d’une vaste salle voûtée se dresse une bien étrange porte métallique. Immense, elle semble pourtant être faite d’un seul tenant, dans un matériau fort intrigant…

BP tape tape – C’est insensé ! Après un tunnel en verre, cette porte. Cette matière ne ressemble à rien de connu…
DD – J’avoue que c’est assez anachronique, ça ne semble pas avoir été construit du temps de Sir Edward. Tiens, où est passé Duncan d’ailleurs ?
BP – Bah, même son fantôme est un poltron !
LD – La porte semble verrouillée, mais je ne vois aucune serrure.
FD – D’après le manuel, ce serait un alliage de nickel et de fer météoritique, ces étranges arrangements de cubes en témoignent. Ça pourrait être très ancien, mais l’absence de mécanisme visible me fait douter.
DD les mains sur les hanches – Bigre ! c’est dingue ce qu’on trouve dans ce petit livre !
RD – Vous croyez que ça pourrait être une des fameuses Machines dont parle la légende ?CMcP – Oui, c’est un mélange de kamacite et de taénite, c’est clairement un minerai extraterrestre.
sort un objet plat et bleu de sa poche – Je pense que c’est comme ça…
RFL – La porte s’ouvre ! Ça alors !
BP suspicieux – Montre voir, Carin. C’est une sorte de carte… que sont ces étranges chiffres ? Mais d’où sors-tu ça ?
CMcP – Ahem… je, ça traînait dans mes affaires depuis des lustres. Je ne sais pas, quand j’ai vu la porte, j’ai eu l’intuition qu’il fallait la passer dans cette entaille, là…
BP s’énerve – Ça n’explique pas tout, parle maintenant !
DD – Tu n’en as pas assez de penser que tout le monde veut t’arnaquer, Onc’ Picsou ?
BP – Que… Bah, peu importe, avançons !
chuchotte à Carin – Toi, tu ne perds rien pour attendre.
FD – Regardez, une stèle !
DD – Tiens, étrange… on dirait une sorte de mécanisme
BP – Ha ! ce sont encore des Machines, faites attention les enf…
RFL – HAAAAAaaaa….
BP – Les enfants ! LES ENFANTS ! Vous n’avez rien ?
CMcP – Tout le monde va bien, Picsou !
RD – Onc’ Picsou ! On a trouvé quelque chose !
Sur un piédestal triangulaire sont gravées de curieuses inscriptions…
BP – Les mêmes glyphes étranges que sur la note de Papa… ces sortes de cercles…
LD – C’est comme s’il manquait quelque chose à l’intérieur !
BP fouille – Attendez, je ressors la lettre
lit – ▸⧋ ⋄ ❍◜ ◝ ◞ ◟ ⥎

Dans la forme circulaire, une inscription s’illumine : ⥑ ⥏ ⥾╭ ╯ ⥰
Une lumière aveuglante balaie alors la pièce…

DD les pupilles comme des soucoupes – BLXGLT… mes yeux…
FD– Hé ! Regardez ça, là-bas !
BP – Le manuscrit ! À moi les trésors interstellaires !
consulte le journal – Hum… voyons, ces images sont bien mystérieuses. Elles semblent relater des évènements célestes, je crois reconnaître le château, là, dans cette lueur…
Donald s’approche, Picsou referme brutalement le journal – Je ne comprends pas, ce livre est appartenir à un membre du clan Mc Picsou, mais je ne vois aucune inscription à part ces images. RFL – Onc’ Donald, Onc’ Picsou, venez voir ça !
DD – Ne touchez à rien les enfants… mais ! qu’est-ce que j’ai dit ?!
RFL – On n’a rien fait Onc’ Donald !

Le même rayon lumineux parcourt latéralement la salle. Nos valeureux canards se retrouvent à l’entrée des souterrains.

DMcP – Haaaaa ! Vous revoilà ! Alors, qu’avez-vous découvert ?
BP – Ça ne te regarde pas ! Où étais-tu passé ? Tu nous embarque dans…
RD – On a trouvé le journal, Sir Duncan ! C’est incroyable !
BP – Grumble… Oui, et il nous reste encore à le déchiffrer, au travail !
RLD saisissent le journal et partent en courant – Vite, à la bibliothèque !
BP – Pas si vite, atten…
DMcP – Ha, la jeunesse, quelle énergie. N’est-ce pas, Picsou ? Picsou ?

Picsou reste en retrait, pensif. Dans le sillage de ses neveux, il aperçoit un morceau de papier qui virevolte. Au dos, un acronyme… D.U.C.K. Au verso est esquissé un portrait, daté de 1235. Picsou y reconnaît son aïeul Edward Mc Picsou, et… Impossible ! Carin ?

BP souriant à Duncan – Les enfants, je crois qu’il va falloir chercher du côté des romans et des illustrés… à la lettre C. Comme le disait l’une de mes ancêtres, parfois la réalité rejoint la fiction… L’aventure ne fait que commencer !







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